Les aloès, dès 2018 une petite centaine d’espèces sont au Jardin des Senteurs !
Très voisins des agaves (et les agaves des yuccas !) par leur aspect, il convient de décrypter quelques différences essentielles à leur reconnaissance.
Ci-dessous, un tableau permet de distinguer quelques points nécessaires à la reconnaissance et à la distinction entre ces trois genres que sont les aloès, les agaves et les yuccas:
Les agaves | Les aloès | Les yuccas |
Famille : Agavaceae | Famille : Aloaceae (Liliaceae) | Famille : Agavaceae |
Origine : Nouveau Monde | Origine : Afrique, Madagascar et Océan Indien | Origine : Amérique du Nord |
Les feuilles des rosettes sont dures, coriaces et toujours terminées par une épine pointue avec un rôle défensif réel. | Les feuilles en rosettes sont épaisses, molles, fragiles et remplies d’un suc plutôt visqueux. Leurs épines sont plus que rudimentaires et sans aucun rôle défensif. | Les feuilles sont longues, minces et souples, non dentelées et pointues aux extrémités. |
Ne fleurit qu’une seule fois dans sa vie, après quinze ou quarante ans selon le climat et l’espèce. La plante meurt ensuite non sans avoir produit des rejets ainsi que des graines. | Floraison annuelle et souvent dans les tons orangés; ce genre ne meurt pas après sa floraison. | Dès leur maturité, les yuccas fleurissent chaque année en hautes et lourdes grappes de fleurs généralement blanches; ils n’en meurent pas eux non plus. |
Résistance au froid : légère, mais il est plus prudent de les rentrer à l’abri du gel. | Résistance au froid : aucune et doivent être rentrés à l’abri du froid (bien avant les gelées) | Résistance au froid : bonne, mais selon les espèces, certaines doivent être protégées, paillées ou rentrées. |
Essentiellement originaires d’Afrique du Sud, de nombreuses espèces d’Aloes parmi les 275 connues (le nombre peut varier selon les auteurs) ont élargi leur aire de répartition par des moyens naturels et pour certaines grâce à l’homme qui les a utilisées en pharmacologie ou pour son agrément. On les trouve désormais à l’état subspontané, aussi bien en Amérique (Californie, Venezuela, Mexique et Pérou) qu’en Inde, Chine, Europe du Sud (Italie, Chypre, Espagne, Portugal) ou au Moyen-Orient, Turquie, Israël, Emirats Arabes, Afrique du Nord ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, Hawaii, etc …
Les Égyptiens, les Romains et les Hébreux de l’Antiquité utilisaient déjà l’aloès. Quatre cents ans avant J.-C., il était connu des Grecs qui l’importaient de l’île de Socotra au sud du Yémen. Saint Thomas, médecin, l’aurait introduit en Inde; la plante aurait ensuite gagné l’Indochine et la Chine où elle était déjà connue et employée au XVIe siècle. Les anciens utilisaient le suc d’aloès comme purgatif et cicatrisant pour les brûlures et diverses blessures superficielles.
Certaines communautés religieuses en tiraient un succédané d’encens et encore de nos jours en Asie, du bois d’aloès est brûlé lors de certaines cérémonies. Les Zoulous d’Afrique du Sud emploient Aloe saponaria pour les soins corporels et la protection solaire. Aloe africana (photo ci-dessous) était aussi employé, mais sa croissance bien inférieure à Aloe vera …
Dans les années 1933-1940, un ophtalmologiste russe, le docteur Filatow se passionna pour l’aloès. Il en tira plusieurs préparations sans aucun rapport avec l’ophtalmologie, en particulier pour traiter les maladies inflammatoires de la moelle épinière, l’artériosclérose et en gériatrie. Il arriva a des observation intéressantes où il prétendait que ses applications extrêmement variées ne combattaient pas la maladie; mais par le rôle de stimulateurs biologiques, incitaient l’organisme au moyen de réflexes et par le canal du système nerveux central à apporter la réponse adéquate au type d’agression, probablement en augmentant l’activité enzymatique. Cette démarche est proche de l’homéopathie et d’autant plus intéressante que certains guérisseurs phytothérapeutes ont prétendu avoir obtenu des rémissions de cancers à l’aide préparations artisanales, et que les Indiens du Pérou soulagent certains cancers par des décoctions d’aloès (informations à prendre évidemment avec prudence).
Les préparations traditionnelles varient peu : le suc ou gélose, quelque peu translucide à l’état frais devient brunâtre après séchage à l’air. Il est récupéré par incision des feuilles ou pilage. En médecine populaire, l’utilisation la plus généralisée de l’aloès concerne la cicatrisation des brûlures et des plaies superficielles. L’application est d’un effet spectaculaire aussi bien pour apaiser les douleurs que pour la reconstitution des tissus.
La plante fraîche a été –selon certains ouvrages- utilisée avec succès pour éliminer les grains de beauté indésirables et contre les zonas, mais aussi en préparation contre le diabète, les maux d’estomac, l’asthme et l’eczéma.
Selon les spécialités, elle est présentée comme stomachique, cholagogue, emménagogue, vermifuge, laxative, purgative et abortive. L’usage interne n’est recommandée que pour les connaisseurs et contre-indiquée en cas de grossesse, affection utérine, hémorragie interne, dysenterie, colite et congestion. Elle est également utilisée dans le domaine vétérinaire et pourrait avoir des propriétés intéressantes comme « plante dépolluante ».
Ci-dessus: Aloe maculata (Gasteria maculata) et Aloe vera (A.barbadensis)
Aloe vera est l’aloès le plus connu et le plus utilisée en pratique en raison de sa croissance et de sa générosité. Cette plante est surnommée dans plusieurs régions « la plante médecine » ou « plante des premiers soins ». Originaire d’Afrique du Nord et plus précisément des îles Canaries, c’est elle que l’on retrouve à peu près dans tous les pays déjà cités. Elle fut importée durant le XVIIe siècle aux îles de la Barbade par les anglais, et gagna ensuite les pays d’Amérique latine où elle est encore actuellement connue sous le nom erroné d’Aloe barbadensis. On la retrouve en Indes sous le nom de kumari et en Chine avec la sous-espèce sinensis, puis à Hawaï et en Nouvelle-Calédonie.
D’autres espèces sont aussi mises à contribution en pharmacologie, comme: A.arborescens, A.ferox, A.saponaria, A.succotrina (ci-dessous)
Aloe vera, plantes de 2 ans